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6.3.21

Catholique a ecrit :

 Cher Wahrani,

C’est justement là que les liens intertextuels, sujet qui me fascine et dont je suis loin d’avoir fait le tour, offrent des réponses importantes. Il est vrai que certains écrits du Nouveau Testament sont mieux datés que d’autres : les lettres de Paul en font partie. Elles sont donc un repère chronologique qui peut être utile pour dater les autres écrits et établir qu’ils étaient déjà connus des auteurs du Nouveau Testament.

La datation que vous proposez pour les évangiles est trop tardive. En 80, Matthieu, Marc et Luc étaient déjà écrits. En 110, non seulement tous les textes du Nouveau testament sont achevés, reconnus par toute l’Eglise et rassemblés mais les pères apostoliques commencent à en donner des commentaires suivis.

Laissons de côté Paul et la seconde aux Corinthiens pour nous attarder sur 2 Pierre.

La seconde lettre de Pierre est très intéressante et illustre bien tout ce que l’on peut établir à partir de ces fameux liens intertextuels. Son authenticité est discutée et il y a en fait 3 hypothèses :

- l’authenticité : Pierre est l’auteur de cette lettre, écrite vers 66, peu avant son martyre (d’où l’évocation de sa mort prochaine)

- une œuvre pseudépigraphe, rédigée par Silas, le secrétaire de Pierre, à partir de la prédication de ce dernier : en quelque sorte, la lettre est artificielle mais la matière de base est bien le témoignage de Pierre. Ecrite donc peu après la mort de Pierre, comme une sorte d’hommage peut-être ?

- une œuvre écrite au 2ème siècle, placée sous l’autorité de Pierre, en réponse à l’apparition d’hérésies dans différentes communautés chrétiennes d’Asie.

Elle est citée par Clément de Rome, le Pasteur d’Hermas et la Didaché comme texte canonique.

Cette seconde lettre de Pierre fourmille de références et d’emprunts à d’autres textes du Nouveau Testament :

2 Pierre 1,14 – Jean 21, 18-19 (annonce par Jésus du martyre à venir de Pierre)

2 P 1, 16-18 – Ce récit est à rapprocher de Mt 17, 1-9 ; Mc 9, 2-13 et Lc 9, 28-36 et en est une relation exacte : la gloire, le lieu, la parole divine reçue.

Le chapitre 2 est une refonte de la courte lettre de Jude, je passe sur les relations entre les 2 textes, c’est quasiment de verset à verset.

2 P 3, 10 – Mt 24, 43

2 P 3, 13 – Apocalypse 21, 1 (les cieux nouveaux et la terre nouvelle)

En 3, 1, Pierre précise que c’est la deuxième lettre qu’il écrit et en 3, 15-16, en évoquant « toutes les lettres » écrites par Paul, il les considère comme formant déjà un corpus canonique puisqu’il souligne l’interprétation difficile de certains passages, attestant ainsi aussi bien qu’il n’existe qu’une lettre authentique de Pierre et tout un ensemble de lettres de Paul.

Récapitulons…

La seconde lettre de Pierre est le texte le plus récent du Nouveau Testament, écrit à la toute fin du 1er siècle ou au tout début du 2ème, sans doute à Rome par un auteur inconnu qui a puisé toute sa matière dans le Nouveau Testament dont il est une sorte de sceau d’authenticité, de canonicité et d’ancienneté.

Il puise sa matière dans les 4 évangiles, il cite l’Apocalypse, réécrit largement l’épître de Jude et atteste que les épîtres de Paul étaient regroupées en corpus et donnaient déjà du fil à retordre à l’interprétation. Pour rendre son texte vivant, l’auteur a donc également puisé dans ce que les évangiles comme les Actes des Apôtres nous disent de Pierre : il ne s’agira pas d’une biographie complète mais d’informations comme le vrai nom de Pierre (2 Pierre 1,1) ou son appel à l’apostolat qui se trouvent dans les récits du Nouveau Testament.

La synthèse réalisée par l’auteur de 2 Pierre est quasi exhaustive : qu’y manque-t-il ? La lettre de Jacques et les 3 lettres de Jean. Mais leur thématiques respectives sont différentes de son propos.

En tout état de cause, l’auteur avait en main le Nouveau Testament, celui que nous connaissons aujourd’hui encore.

Je vous invite à la lire !

Quant aux Mormons, je ne sais pas s'ils lisent l'Ecriture à la lumière du Christ mort et ressuscité, mais il faudrait commencer par leur expliquer que la Résurrection du Christ est le point final de la Révélation et que se réclamer d'une révélation autre, a fortiori si elle nie la mort et la résurrection du Christ est contraire à la foi reçue des Apôtres et à tout le témoignage des prophètes, depuis Noé jusqu'à Jean-Baptiste.

Bien amicalement,

Catholique


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