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12.9.20

Catholique a ecrit

Bonjour Wahrani,

Si vous permettez, je réponds ici, à vos messages, dans nos deux fils de discussion. Les thématiques se rejoignent, je ne dirai pas plus ni mieux dans un sujet plutôt que dans un autre. Je commence par vous remercier des liens très intéressants que vous avez donnez. J’ai lu avec beaucoup d’attention votre lettre ouverte : j’y ai appris beaucoup de choses sur les dangers du gaz de schiste (ma culture scientifique est très modeste)

Ce que vous développez dans vos derniers messages est à la fois juste et contradictoire : au final, si on y réfléchit dans un esprit de piété et de respect, cela invite à s’interroger sur la Révélation et Son Auteur, Dieu.

Les preuves archéologiques qui attestent les faits bibliques sont ténues et très débattues. Le débat n’est pas nouveau et est à l’origine même de la critique biblique scientifique. L’archéologie israélienne, prenant la suite des archéologues religieux catholiques (notamment les franciscains Bagatti et Testa) n’est pas exempte de parti pris : le moindre caillou gravé qui prouverait la continuité de la présence juive est propulsé «vestige du Temple» ou «vestige du palais de David». Cela rend toute analyse scientifique difficile tant les enjeux sont grands.

Mais à force de nier toute historicité au donné historique biblique, il n’y a plus aucune légitimité ni aucune capacité à transmettre la connaissance révélée que Dieu a donnée de Lui-même.

Si l’on suit votre raisonnement, c’est aux Egyptiens, aux Chinois ou aux Grecs que Dieu aurait du confier Sa Parole, Ses Lois et Ses prophètes. A des peuples dont les civilisations ont indubitablement changé l’histoire de l’Humanité et qui ont traversé les siècles : ces gens-là savaient écrire et conserver leurs écrits intacts ; ils ont laissé dans l’histoire des preuves archéologiques qui pèsent des tonnes et émerveillent encore aujourd’hui architectes et ingénieurs. Avec ceux-là, la transmission des écrits sacrés comme des preuves de l’intervention de Dieu dans l’Histoire aurait été de bonne facture.

Pourtant, ces peuples si brillants sont des nains spirituels : ils pratiquaient l’idolâtrie et la magie, et en dépit de leurs observations du ciel qui sont à la base de nos propres connaissances astronomiques, peu d’entre eux ont su discerner le Créateur à l’œuvre dans la Création. Leurs idoles ont laissé des traces monumentales qui ont passé les millénaires alors que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob n’a laissé que du vent.

Le Dieu  de la Bible cherche l’Homme (Gn 3, 9) et Il cherche un homme selon Son cœur : son choix se porte sur ce qui est  faible, pauvre, petit et méprisé. Abram est un vieillard sans enfants et donc sans avenir ; Jacob est un peu trop malin pour être honnête ; Moïse est bègue et meurtrier. Le récit dans 1 Samuel 16, du choix de Dieu en faveur de David est significatif de la façon de faire de Dieu, toujours déroutante. Voilà Jessé et ses nombreux fils : l’un est beau, l’autre est fort et ainsi de suite. Dieu porte son choix sur le dernier fils de Jessé, qui n’est même pas là, il est aux pâturages. C’est celui-là, David, sur qui le choix de Dieu se porte :

« Le Seigneur dit [à Samuel] : Ce que l’Homme voit ne compte pas : l’homme regarde le visage mais le Seigneur regarde le cœur » 1 Samuel 16, 7

Cette parole est tellement à l’opposé des valeurs communes de ces périodes de l’Antiquité qui étaient fondées sur des pouvoirs royaux très forts où les princes se faisaient des dieux et elles sont si éloignées des calculs d’hypothétiques scribes faussaires, qu’elles attestent de la véracité d’une parole qui vient de plus haut que l’Humain.

Qu’elle est choquante, cette histoire ! Et elle tombe dans le récit comme un cheveu sur la soupe ! Elle nous raconte le Christ. Comme Abraham est l’homme de l’hospitalité généreuse, Juda, c’est l’homme qui reconnaît sa faute et la répare : c’est son titre de gloire spirituelle. En refusant de donner son dernier fils en mariage à Tamar, selon la législation du lévirat, il devenait le plus proche parent mâle du dernier époux décédé. Sa propre femme étant morte, Juda était de fait l’époux de Tamar. Mais il préfère « l’oublier » chez son père.

« Elle est plus juste que moi, puisque je ne l’ai pas donnée à mon fils Séla » (Gn 38, 26)

La faute de Juda est manifestée, de même que l’innocence de Tamar. C’est par leur fils Pharès que passera la lignée du Christ.

Alors Salomon dit : « Le Seigneur a déclaré vouloir habiter dans l’obscurité » 1 Rois 8, 12

Et la Bible est effectivement pleine de ses histoires, peut-être vraies peut-être infondées, mais qui bizarrement, nous brosse un portrait très cohérent de Dieu. Il aime parler à ceux à qui personne ne veut parler. Peut-être d’ailleurs que leur solitude et leur isolement les rend plus attentifs au murmure de la voix de Dieu que même le prophète Elie a eu du mal à supporter (1 Rois 18, 12). Jésus-Christ ne fera pas autrement : il aura ses conversations les plus passionnantes avec des personnes (souvent des femmes) à qui nul ne prêtait attention ou qui faisaient l’objet d’un mépris public.

Alors, oui, vous avez raison sur bien des points et vous tracez, par défaut, tout un portrait de ce que Dieu n’est pas : Il n’est pas le Dieu des puissants, des cultivés, des talentueux. Le Dieu de la Bible, c’est le Dieu des canards boiteux, de ceux qui foirent largement leur vie, leurs projets et à qui souvent, on ferait manger des cailloux pour leur apprendre leur vraie place dans la société (la dernière ou derrière le pilier de l’église, loin, dans l’obscurité).

En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.  Matthieu 11, 25

Du coup, je suis très intéressée par ce que vous écrivez :

Pourriez-vous m’expliquer en quoi l’Islam permet cela ?

Que Dieu vous bénisse !

Catholique

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