Bonjour Wahrani,
Dans un message sur le fil "le prosélytisme en
Terre d'Islam", je vous indiquais que les faits sont têtus et que les
opinions ne valent rien face à leur implacable réalité.
Cette conversation est vraiment intéressante : vous
démontrez bien, cher Wahrani, l'existence de 2 courants historiographiques
majeurs concernant la rédaction de la
Bible et l'origine du christianisme. D'une part, le courant
que j'appellerais "ecclésiastique" qui s'appuie sur les sources
littéraires, liturgiques, artistiques et manuscrites forcément produites par
l'Eglise. L'autre courant dit "méthode historico-critique" qui
disqualifie les sources en discréditant les témoignages (abus de l'hypothèse de
la pseudépigraphie, contestation de l'existence des personnages historiques et
pourtant attestés). Cette méthode est foncièrement viciée parce qu'elle part du
principe, qu'elle n'a jamais prouvé, qu'une source d'origine ecclésiastique est
forcément une falsification.
Ce que vous avancez sur la datation et les auteurs des
évangiles sont des hypothèses littéraires non démontrées, autrement dit, de la
poudre aux yeux qui ne convainc que les personnes sans aucune connaissance de
l'Antiquité ni des pratiques scribales en matière de transmission des textes.
Ce qui est démontré en revanche c'est que le manuscrit
le plus ancien du Nouveau Testament est le papyrus 52 (de la collection
Oxyrhynque). Il date des années 120-125 et comprend une dizaine de versets de
l'évangile selon Saint Jean le chapitre 18 (Jésus devant Pilate).
Ce qui est constatable, c'est que tous les manuscrits
des évangiles les plus anciens portent
en incipit le nom de l'auteur :
Εύαγγελιον κατά Μαθθαον
Εύαγγελιον κατά
Μαρκον
Εύαγγελιον κατά Λουκαν
Εύαγγελιον κατά Ιωαννην
Ce qui est également constatable est que les Pères
Apostoliques, entre 90 et 130 de notre ère citent les évangiles canoniques tels
que nous les connaissons.
Comment les évangiles auraient-ils pu être écrit entre
130 et 150 ?
En réalité, c'est bien Matthieu le plus ancien parce
qu'il atteste d'un contexte où l'annonce de l'Evangile est très active en
milieu juif, autour de l'importance de la réalisation des promesses
messianiques. C'est l'époque de la 1ère prédication chrétienne, avant le départ
de Pierre de Judée en 43.
Marc destiné au public de chrétiens d'origine païenne
de Rome vient après. Il n'utilise pas l'Ancien Testament dont son public
initial n'était pas très familier. Il correspond à un contexte postérieur :
l'Evangile s'est ouvert aux non-juifs.
Luc est antérieur à la destruction du Temple : les
descriptions qu'il en fait son très vivantes et ne sont compréhensibles que
dans le cadre d'une activité encore existante de ce Temple.
Jean est le dernier car il complète sans les reprendre
les 3 évangiles antérieurs qu'il connaît.
Excusez-moi, j'a fait une erreur en disant que Marc
était le fils de Salomé. En fait, sa mère s'appelle Marie. La maison de Marie,
mère de Marc était un lieu de réunion des chrétiens où se célébraient les
sacrements (Actes 12,12). C’est chez Marie que Saint Pierre se rend, une fois
miraculeusement délivré de sa prison : c’est donc un lieu et une famille sûrs
et fermes dans la foi. Une confiance qui explique parfaitement que Marc ait
recueilli la prédication de Pierre dont il était le secrétaire, source
principale de son évangile.
Luc en accompagnant Paul dans ses pérégrinations, a eu
l'occasion au cours de ses séjours à Ephèse et à Jérusalem de rencontrer les
témoins oculaires des évènements qu'il rapportent (dont Saint Jean et la Vierge Marie , excusez
du peu !).
Enfin, l'Apôtre Jean est celui qui fut le plus proche
de Jésus et son témoignage sur la
Passion du Christ est de première main : il y était et a vu
de ses yeux. Il donne des indications d'une précision saisissante, notamment
sur le procès de Jésus.
Oui, il était pécheur mais pas analphabète. Les
artisans étaient les juifs les plus éduqués, c'est eux qui fournissaient le
contingent des rabbins. "Profil" sociologique qu'on retrouve chez
Saint Pierre qui cite avec aisance des passages entiers de l'Ecriture et
atteste dans ses 2 épîtres d'une connaissance approfondie de l'interprétation
correcte de l'Ancien Testament. Les apôtres de Jésus, pour être des gens
simples et sans pouvoir, n'étaient pas sans connaissance ni sans éducation.
J'ajoute que le grec de Jean est simple et sans
fioriture, qui ne convient pas à un auteur sophistiqué.
Jésus n'a jamais péché. On en trouve plusieurs preuves
dans l'Ecriture dont la plus importante est sans doute la suivante : Jésus
n'accomplit JAMAIS aucun rite ou acte cultuel d'expiation ou de purification.
Figurez-vous que c'est bien ce qui me préoccupe : les
conclusions extrêmement fragiles de ce qu'on appelle la "méthode
historico-critique" (qui est une forme de déconstructionnisme) cherchent à
démontrer que les prophètes et les apôtres seraient des personnages quasi
fictifs sous le nom desquels de plus savants ou inventifs auraient placés certaines
paroles et certains faits. Le hic, c'est que quand on va aux sources et aux
faits, donc aux manuscrits, toutes ces affirmations ne sont plus que du vent.
Pax Christi
Catholique
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