18.7.20

Catholique a écrit :


Bonjour Wahrani,

Dans un message sur le fil "le prosélytisme en Terre d'Islam", je vous indiquais que les faits sont têtus et que les opinions ne valent rien face à leur implacable réalité.

Cette conversation est vraiment intéressante : vous démontrez bien, cher Wahrani, l'existence de 2 courants historiographiques majeurs concernant la rédaction de la Bible et l'origine du christianisme. D'une part, le courant que j'appellerais "ecclésiastique" qui s'appuie sur les sources littéraires, liturgiques, artistiques et manuscrites forcément produites par l'Eglise. L'autre courant dit "méthode historico-critique" qui disqualifie les sources en discréditant les témoignages (abus de l'hypothèse de la pseudépigraphie, contestation de l'existence des personnages historiques et pourtant attestés). Cette méthode est foncièrement viciée parce qu'elle part du principe, qu'elle n'a jamais prouvé, qu'une source d'origine ecclésiastique est forcément une falsification.

Ce que vous avancez sur la datation et les auteurs des évangiles sont des hypothèses littéraires non démontrées, autrement dit, de la poudre aux yeux qui ne convainc que les personnes sans aucune connaissance de l'Antiquité ni des pratiques scribales en matière de transmission des textes.

Ce qui est démontré en revanche c'est que le manuscrit le plus ancien du Nouveau Testament est le papyrus 52 (de la collection Oxyrhynque). Il date des années 120-125 et comprend une dizaine de versets de l'évangile selon Saint Jean le chapitre 18 (Jésus devant Pilate).

Ce qui est constatable, c'est que tous les manuscrits des évangiles  les plus anciens portent en incipit le nom de l'auteur :
Εύαγγελιον κατά Μαθθαον
Εύαγγελιον κατά  Μαρκον
Εύαγγελιον κατά Λουκαν
Εύαγγελιον κατά Ιωαννην

Ce qui est également constatable est que les Pères Apostoliques, entre 90 et 130 de notre ère citent les évangiles canoniques tels que nous les connaissons.

Comment les évangiles auraient-ils pu être écrit entre 130 et 150 ?

En réalité, c'est bien Matthieu le plus ancien parce qu'il atteste d'un contexte où l'annonce de l'Evangile est très active en milieu juif, autour de l'importance de la réalisation des promesses messianiques. C'est l'époque de la 1ère prédication chrétienne, avant le départ de Pierre de Judée en 43.

Marc destiné au public de chrétiens d'origine païenne de Rome vient après. Il n'utilise pas l'Ancien Testament dont son public initial n'était pas très familier. Il correspond à un contexte postérieur : l'Evangile s'est ouvert aux non-juifs.

Luc est antérieur à la destruction du Temple : les descriptions qu'il en fait son très vivantes et ne sont compréhensibles que dans le cadre d'une activité encore existante de ce Temple.
Jean est le dernier car il complète sans les reprendre les 3 évangiles antérieurs qu'il connaît.


Excusez-moi, j'a fait une erreur en disant que Marc était le fils de Salomé. En fait, sa mère s'appelle Marie. La maison de Marie, mère de Marc était un lieu de réunion des chrétiens où se célébraient les sacrements (Actes 12,12). C’est chez Marie que Saint Pierre se rend, une fois miraculeusement délivré de sa prison : c’est donc un lieu et une famille sûrs et fermes dans la foi. Une confiance qui explique parfaitement que Marc ait recueilli la prédication de Pierre dont il était le secrétaire, source principale de son  évangile.

Luc en accompagnant Paul dans ses pérégrinations, a eu l'occasion au cours de ses séjours à Ephèse et à Jérusalem de rencontrer les témoins oculaires des évènements qu'il rapportent (dont Saint Jean et la Vierge Marie, excusez du peu !).

Enfin, l'Apôtre Jean est celui qui fut le plus proche de Jésus et son témoignage sur la Passion du Christ est de première main : il y était et a vu de ses yeux. Il donne des indications d'une précision saisissante, notamment sur le procès de Jésus.

Oui, il était pécheur mais pas analphabète. Les artisans étaient les juifs les plus éduqués, c'est eux qui fournissaient le contingent des rabbins. "Profil" sociologique qu'on retrouve chez Saint Pierre qui cite avec aisance des passages entiers de l'Ecriture et atteste dans ses 2 épîtres d'une connaissance approfondie de l'interprétation correcte de l'Ancien Testament. Les apôtres de Jésus, pour être des gens simples et sans pouvoir, n'étaient pas sans connaissance ni sans éducation.

J'ajoute que le grec de Jean est simple et sans fioriture, qui ne convient pas à un auteur sophistiqué.

Jésus n'a jamais péché. On en trouve plusieurs preuves dans l'Ecriture dont la plus importante est sans doute la suivante : Jésus n'accomplit JAMAIS aucun rite ou acte cultuel d'expiation ou de purification.

Figurez-vous que c'est bien ce qui me préoccupe : les conclusions extrêmement fragiles de ce qu'on appelle la "méthode historico-critique" (qui est une forme de déconstructionnisme) cherchent à démontrer que les prophètes et les apôtres seraient des personnages quasi fictifs sous le nom desquels de plus savants ou inventifs auraient placés certaines paroles et certains faits. Le hic, c'est que quand on va aux sources et aux faits, donc aux manuscrits, toutes ces affirmations ne sont plus que du vent.

Pax Christi
Catholique

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